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« Qu’est-ce ? dit le maréchal. Le moment est-il venu ? Allons.

« Non, Monsieur le maréchal ; je vous apporte une commutation de peine.

Le maréchal lut la lettre que lui tendait son aide de camp, et, posant le pli officiel sur le guéridon qui était auprès de son lit :

« — Que la volonté de Dieu soit faite ! J’étais prêt à la mort.

Ce n’était pas la grâce ; c’était une commutation de peine qu’on avait fait attendre trente-six heures ! C’était la dégradation, l’infamie, la privation de tous moyens d’existence ; car le maréchal n’en avait pas d’autres que ses appointements.

Pauvre maréchal… de Mac-Mahon !

Le lendemain, 12, le condamné écrivait à celui qui l’avant-veille encore était son collègue :


Monsieur le maréchal, vous vous êtes rappelé le temps où nous servions la patrie l’un à côté de l’autre ; je crains que votre cœur n’ait dominé la raison d’État. Je serais mort sans regret ; car la demande en grâce que vous ont adressée mes juges venge mon honneur.


Ces deux lettres sont écrasantes. Chacun des mots semble avoir une valeur exceptionnelle.

Oui, sans doute, la demande en grâce de ses juges vengeait son honneur ; car elle dit, en propres termes, que la sentence qu’ils ont prononcée est injuste.