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en face d’un pouvoir insurrectionnel qui ne représentait rien. Et le président répond :

« — La France existait toujours ! ..

Si l’on avait demandé à M. le duc d’Aumale la signification de cette phrase, qu’aurait-il répondu ?

Par quel moyen peut-on servir la France, sans gouvernement, ou avec un gouvernement que l’on ne croit pas que la France veuille accepter ? Qu’est-ce donc que la France sans gouvernement ? N’est-ce pas un corps sans tête ! Où saisir sa pensée, sa volonté ?

M. le duc d’Aumale, dont tout l’interrogatoire a eu pour base un faux point de départ, admet toujours que le moral de l’armée était excellent, ses chefs éminents, son organisation parfaite. Toute la direction qu’il a donnée aux débats repose sur ces hypothèses.

Le maréchal, je l’ai dit, était bien décidé à ne pas le contredire ; aussi le duc, qui a saisi tout l’avantage qu’il pouvait tirer de cette situation, accablait-il sa victime de questions insidieuses, qui, par elles-mêmes et par les réponses qu’elles provoquaient, devaient nécessairement faire paraître le maréchal coupable d’inertie calculée, coupable d’avoir sacrifié son excellente armée, de l’avoir laissée à dessein s’user et s’épuiser. C’était là, il l’avait compris, — le grand chef d’accusation, le pivot autour duquel il ferait tourner les débats ; aussi y revient-il sans cesse, parce qu’il a senti, parce qu’il sait bien que de ce côté on ne se