Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/247

Cette page n’a pas encore été corrigée

avait été faible au cours de son interrogatoire. Comment aurait-il pu être fort puisqu’il était.résolu à ne rien dire pour sa justification ? Mais, en revanche, ce même public a beaucoup admiré M. le Président, sa science militaire, sa mesure, sa dignité. Ah ! si celui-là avait commandé l’armée du Rhin, les choses ne se seraient pas passées de la sorte !

Le fait est que M. le duc d’Aumale, avec une compétence digne de celle du public, un aplomb imperturbable, une assurance de grand maître, a donné au maréchal Bazaine des leçons d’art militaire, que le maréchal a reçues sans répliquer, avec une modestie qui, si elle n’eût été dans son caractère, était dans son rôle de victime. Et cependant ces leçons, dans son for intérieur, le faisaient sourire de pitié. Enfin, M. le duc d’Aumale, qui a bien étudié la Révolution, qui en connaît les secrets et les moyens, a lancé une de ces phrases dont l’effet est toujours assuré, et qui lui a valu les éloges et les sympathies des révolutionnaires de toutes nuances et des masses populaires.

Le maréchal avait dit qu’il était lié par son serment à l’Empereur ; que, vu le régime et la composition du nouveau gouvernement, il ne l’avait cru ni sérieux ni durable ; qu’il reconnaissait parfaitement les devoirs stricts d’un général en chef vis-à-vis d’un pouvoir légal, provenant d’un gouvernement reconnu par le pays, mais qu’il ne les reconnaissait pas quand il était