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d’idées et de résolution, eût, en moins de deux mois, relevé la France de l’affaissement dans lequel elle était tombée ; mais, en bonne justice, on ne saurait faire peser trop lourdement sur lui la responsabilité de ses actes et de leurs conséquences. Les lourdes fautes qu’il a commises, il ne les comprenait pas.

Mais comment se fait-il que le maréchal de Mac-Mahon, incapable d’initiative et de hautes vues politiques, mais brave et loyal soldat, homme d’honneur dans toute la force du terme, n’ait pas prononcé une ordonnance de non-lieu ? Comment n’a-t-il pas compris que ses fautes, à lui-même, avaient été dans cette funeste guerre assez grandes, assez désastreuses pour que la condamnation du maréchal Bazaine parût un fait révoltant ? que l’histoire pourrait trouver bien étrange l’attitude de ces chefs militaires, sacrifiant à l’orgueil de la nation une victime unique, chargée de porter le poids de toutes les fautes commises ? Quant au ministre de la guerre, le général du Barail, le doute n’est pas permis à son égard : il aurait très volontiers rendu une ordonnance de non-lieu, il savait que c’était justice, et il avait le cœur assez haut placé pour que l’opinion publique ne modifiât pas la sienne ; mais il eût fallu être à la fois ministre de la Guerre et républicain romain : rendre l’ordonnance de non-lieu le matin, et se disposer à quitter le ministère le soir !

La composition du Conseil de guerre, que l’on représentait comme à peu près impossible sous le gouvernement