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stupeur d’une grande partie de l’armée, le premier acte de pouvoir du maréchal de Mac-Mahon fut-il la constitution du Conseil de guerre qui devait juger son ancien collègue, ce que M. Thiers n’avait jamais voulu faire, et non pas l’ordonnance de non-lieu, prévue et impatiemment attendue ?

Cet acte était motivé par plusieurs raisons : la première était due à l’influence du parti orléaniste ; à cette époque assez considérable, véritable base de la majorité qui avait amené le maréchal de Mac-Mahon au pouvoir et qui, selon les lois du régime parlementaire, était appelée au pouvoir avec lui. Pour ce parti, le maréchal Bazaine était l’homme de l’Empire, de l’Empire qui haïssait l’orléanisme de cette haine particulière que les partis rivaux ont entre eux, de l’Empire enfin, auquel l’orléanisme rendait cette haine, en vertu du même principe.

La seconde raison, c’est que le maréchal de Mac-Mahon n’est qu’un admirable soldat, incapable de résolution comme général en chef, encore plus incapable de résolution comme chef d’État. Complètement et absolument soumis à l’influence dominatrice de M. de Broglie, il était convaincu qu’il ne pouvait gouverner sans lui. Il a, par conséquent, non seulement trompé ceux qui ont cru en son mérite, mais encore compromis ceux qui s’étaient attachés à sa fortune.

Tout autre homme que le maréchal de Mac-Mahon, qui eût été chrétien éclairé, Français instruit, capable