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heure de cet exercice, M. de Bismarck me demanda encore :

« — Est-ce que nous ne prendrons pas un peu d’alcool pour faire passer notre bière ?

« — Tout ce que vous voudrez, lui répondis-je.

« Et continuant ainsi à boire de l’eau-de-vie pour cuire la bière, et de la bière pour faire passer l’alcool, nous étions arrivés à un nombre formidable de verres de bière et de verres de cognac. M. de Bismarck me regardait avec une curiosité qui n’était pas loin de l’admiration ; mais moi j’ai un estomac à toute épreuve, rien ne me fait mal. Nous arrivâmes ainsi jusqu’à une heure et demie,heure à laquelle tout étant réglé, et nos protocoles rédigés, nous échangeâmes les signatures.

« Je proposai une dernière tournée, comme on ne dit pas dans le monde diplomatique, et M. de Bismarck s’épanouit tout à fait.

« Le voyant de si bonne humeur, l’idée me vint de lui parler de la libération du territoire, pour tâcher de connaître un peu les intentions du gouvernement prussien à cet égard.

« — Mon Dieu, me répondit-il, nous ne demandons qu’à évacuer le plus promptement possible ; l’occupation est une lourde charge pour les familles allemandes ; nous recevons chaque jour des doléances à ce sujet, et si nous pouvions être sûrs du paiement des trois milliards que vous devez nous verser, nous nous retirerions dès demain.