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« Voici comment l’ancien ministre des finances m’a raconté sa mission :

« Lorsque j’arrivai à Francfort et que je me mis en rapport avec M. de Bismarck, celui-ci me de-manda combien nous voulions de ce tronçon de voie ferrée.

« — Cela dépend, lui répondis-je, voulez-vous nous le prendre ou voulez-vous nous le payer ? Si vous voulez nous le prendre, vous êtes le plus fort, c’est à vous de fixer le prix ; si vous voulez le payer, nous n’avons qu’à nommer des experts et à adopter le chiffre qu’ils nous proposeront.

« M. de Bismarck fit un peu la grimace ; mais je ne sortis pas de ce dilemme :

« Voulez-vous le prendre ou voulez-vous le payer ?…

« A la fin, le chancelier accepta ma proposition : on nomma de part et d’autre des experts ; ils évaluèrent ce morceau de chemin de fer à 280 millions. J’en demandai 360. Nous transigeâmes à 325, et la question fut résolue.

« C’était le soir qu’eut lieu notre dernière conférence à cet égard : il faisait-très chaud ; nous parlions beaucoup ; au bout de quelque temps, M. de Bismarck me demanda : « — Aimez-vous la bière ?…

« — Moi, j’aime tout, lui répondis-je.

« On apporta un pot énorme, des verres, et nous continuâmes à discuter, tout en buvant. Au bout d’une