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mais bientôt après, — ce qui était habile de la part de ceux qui mènent l’opinion publique, — il n’y en eut plus qu’un, le commandant en chef. On détourna ainsi de la voie de la vérité un grand nombre d’esprits faibles, d’hommes égoïstes, de petits ambitieux qui virent dans le lâche abandon du maréchal, livré à la vindicte publique, un moyen de sauvegarder leurs bons petits intérêts.

Puis vint la fuite des officiers prisonniers sur parole ; fuite provoquée par l’ambition, sautant à pieds joints par-dessus les barrières de l’honneur, et encouragée en quelque sorte, par le gouvernement français, dont l’agent officiel à Bruxelles donnait à chaque nouvel arrivant un grade et une somme d’argent.

Un pareil état de choses produisit un profond mécontentement parmi les hommes d’honneur qui étaient restés, eux, bien plus prisonniers de leur parole que de l’Allemagne. Ceux qui avaient à cacher certains de leurs actes, avant ou pendant la guerre, exploitèrent le mécontentement répandu dans l’armée, et, à quelque rang de la hiérarchie qu’ils appartinssent, se déclarèrent contre le maréchal Bazaine. Tous ceux, au contraire, qui pouvaient avouer hautement leurs actes, lui restèrent fidèles.

Le maréchal Bazaine était trop intelligent pour ne pas avoir remarqué, tout ému qu’il était, le revirement qu’on avait habilement provoqué dans l’esprit de l’armée ; aussi commença-t-il immédiatement un