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cela ne mérite pas la mort, cela mérite au moins le déshonneur.

D’accord !

Mais si les livrer est une telle indignité, lors même que les lois de la guerre vous y obligent, que doit faire le pays pour l’officier subalterne, sans responsabilité d’aucune sorte, qui sauve, lui, les drapeaux du corps d’armée auquel il appartient ?

Il me semble que le pays doit faire quelque chose ; car il faut être logique : si on déshonore l’un, on doit honorer l’autre.

Eh bien ! par une grâce toute spéciale de la Providence, j’ai eu le bonheur inespéré de sauver les drapeaux de l’armée de Paris. J’ai publié les attestations de mes chefs. M. de Bismarck lui-même a été amené, par les circonstances, à reconnaître la véracité de ces attestations 2 .

Le pays m’a-t-il voté une couronne civique ? m’a-t-il fait savoir qu’il réservait à ma vieillesse un poste d’honneur aux Invalides, près des glorieux mutilés de nos vaillantes armées ?

Non, le pays n’a rien fait de cela ; il n’a rien fait du tout.

J’ai espéré pendant Iongtemps que la ligue qui fait profession de patriotisme voterait une somme de cinquante francs pour m’acheter un sabre d’honneur.