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Voici encore une lettre de M. le colonel Melchior :


Le compte rendu, dans l’acte d’accusation, de la remise des drapeaux du corps de la Garde, ne me paraissant pas dire exactement la manière dont ce fait a été accompli, je crois devoir en donner le récit entièrement véridique.

Ce récit doit en effet démontrer que, si l’ordre du Maréchal Bazaine avait été partout et par tous compris et exécuté, ainsi que nous le fîmes nous-même, les Prussiens n’eussent pu déployer en trophée aucun des drapeaux de la malheureuse armée de Metz.

Le jour même où le général Pé de Arros, commandant l’artillerie de la Garde, reçut de M. le général Desvaux, commandant le corps d’armée, l’ordre donné par le maréchal Bazaine de verser les drapeaux à l’arsenal de Metz pour y être brûlés, les quatre régiments de voltigeurs de la division Deligny et le bataillon de chasseurs à pied de la Garde envoyèrent, entre cinq et six heures du soir, les drapeaux à l’état-major d’artillerie de leur corps d’armée.

Ces drapeaux furent déposés dans un chariot de batterie et conduits sous escorte, mais sans moi, à la chute du jour, à l’arsenal, parce que nous attendions, jusqu’au dernier moment possible, les drapeaux de la division des grenadiers, drapeaux dont les hampes seules nous furent rendues plus tard, les régiments ayant eux-mêmes détruit leurs aigles.

Tout ému des larmes versées par les vieux sous-officiers qui, esclaves de la discipline, venaient, en toute confiance, déposer leurs drapeaux entre nos mains, je promis d’assister à leur destruction. Aussi, dès l’arrivée du général Pé de Arros au bureau de son état-major, je lui demandai l’autorisation de me rendre, dès le lendemain matin, à l’arsenal, pour m’assurer de l’exécution de l’ordre du maréchal.

Je me présentai, en conséquence, à l’arsenal, lors de l’ouverture