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gens que la justice avait frappés, et des misérables vinrent mentir avec un manque de scrupule qui ne pouvait être comparé qu’à leur audace.

L’un d’eux déclara qu’il avait vu deux fois le maréchal Bazaine à Paris, en 1845 et en 1866.

Or, en 1845, le maréchal, alors chef de bataillon au 58e d’infanterie de ligne, était en Afrique, et en 1866, il était au Mexique. Mais tous ces faux témoignages passèrent comme une lettre à la poste. Le parti était pris, bien pris et longtemps à l’avance, de la part des juges ; l’aveuglement était bien complet dans le public.

Enfin, malgré les faux témoignages de quelques misérables, dont le contact ne pouvait que souiller les honnêtes gens qui vinrent déposer à la barre, la lumière a été faite sur un grand nombre de griefs dont l’accusation se promettait de tirer grand avantage, et sur lesquels elle avait, avec tant d’insistance et d’éclat, attiré l’attention publique.

« La livraison du matériel et surtout des drapeaux », c’était un thème bien choisi pour exalter l’indignation, pour aller droit au cœur de tout bon patriote ; c’était une fortune pour l’accusation, aussi l’a-t-elle saisi avec avidité.

Or, il a été prouvé, par une revue rétrospective des capitulations, que la livraison du matériel et des drapeaux a toujours été un des usages, une des lois de la guerre ; usages et lois auxquels aucune troupe ayant