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voit plus pour lui la première place, celle qui peut seule lui assurer les gros traitements dont il s’est habitué à jouir, et il trahit alors la République et la France, pour chercher je ne sais quelle combinaison politique qui fera de lui le dictateur du pays, sous la protection des baïonnettes prussiennes ; cette combinaison lui échappe, et il se tourne alors vers la pensée impie d’une restauration impériale qui conviendrait à la Prusse, et lui assurerait toujours ce premier rôle auquel il aspire, sans souci de son honneur, pas plus que de celui de son armée. Mais l’ennemi ne veut plus rien entendre, car il le sait actuellement sans ressources, et il n’a pas même alors le courage de nous faire tuer ; il préfère nous déshonorer et noyer sa honte dans celle de notre armée. Voilà ce qu’a fait cet homme ! Quelle leçon pour les popularités mal acquises ! quel réveil pour ceux qui ont pu croire un instant aux hommes de cette triste époque ! Bien des esprits sagaces ont deviné le mal au début, bien des braves cœurs ont voulu le prévenir, et je vous dirai que ce sera pour moi un honneur d’avoir été un des auteurs de la conspiration qui se formait aux premiers jours d’octobre pour forcer Bazaine à marcher ou le déposer ; les généraux Aymard, Courcy, Clinchant, Piéchot ; les colonels Boissonet, Lewal, Davoust d’Auerstœdt, d’Andlau, nous voulions à toute force sortir de l’impasse vers laquelle on nous précipitait, et que les autres ne voyaient ou ne voulaient pas voir… Mais il nous fallait un chef, un général de division, dont le nom et l’ancienneté eussent pu rallier l’armée, dont nous aurions arrêté les chefs.

Eh bien ! pas un n’a voulu prendre cette responsabilité, pas un n’a eu le cœur de se mettre en avant pour sauver du même coup et l’armée et la France. Ah ! ils sont bien coupables aussi ces généraux et ces maréchaux, et ils auront des comptes sévères à rendre devant l’histoire et