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Quand il vit dans la suite que sa proclamation avait fait un trou plus profond qu’il ne le supposait, quand il vit encore que des intrigants, des lâches, que suivaient inconsciemment quelques gens de bonne foi, s’appuyaient sur cette proclamation pour traduire Bazaine devant un Conseil de guerre et le rendre seul responsable des fautes qu’eux et bien d’autres avaient commises, il y eut chez Gambetta, à ce moment, un juste sentiment de révolte.

Comme disait Napoléon 1er à Sainte-Hélène, il ne voyait pas la nécessité des crimes inutiles, surtout de ceux qui ne lui profitaient pas ; et il envoya cette curieuse dépêche :


25 décembre, 2 h. 45 soir. — N°5183.

Gambetta à Crémieux, Justice, de Freycinet et Laurier.


Qui donc a formé un conseil d’enquête pour juger Bazaine ?

L’enquête est faite ; personne ne m’a consulté. Je m’y oppose formellement, et je vous prie d’arrêter ces choses.

Réponse immédiate.


C’était parler en dictateur. L’enquête est faite, c’était bientôt dit ! Où et comment avait été faite cette enquête ? Mais, sous la dictature de Gambetta, on n’y regardait pas de si près : « Bazaine a trahi ! » avait-il écrit dans une proclamation ; c’était à cela que se résumait toute son enquête. A cette époque, Gambetta