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très vraisemblable. Mais nous ne pouvons admettre que cette pensée ait exercé sur sa conduite quelque influence blâmable.

Il a rendu son armée et la forteresse après une résistance opiniâtre, alors que les approvisionnements étaient épuisés ; et sous la menace de l’épuisement et au point de vue militaire, cela était parfaitement dans l’ordre.


Du reste, si Gambetta, dans un mouvement oratoire, avait traité Bazaine de traître, il n’avait pas absolument tort. Tout dépend du point de vue auquel on se place. Gambetta et Bazaine n’avaient pas la même manière de voir. Le premier devait dire peu après : « Périsse la France, mais sauvons la Révolution 5. » Bazaine pensait au contraire : Périsse la Révolution ; mais sauvons la France !

Leur manière de voir, je le répète, n’était évidemment pas la même.

Si Gambetta avait cru devoir, dans une proclamation, accuser Bazaine de trahison, parce que cela faisait bien dans le paysage, parce que c’était bien dans la note des vieux maîtres les Conventionnels, et qu’il espérait enflammer le patriotisme de tous ces pauvres diables, qui allaient se faire tuer, sans souliers et même sans fusil, — Gambetta était un homme trop supérieur, il avait trop d’esprit et de jugement pour croire à tout ce qu’il était obligé de débiter aux gogos qui buvaient ses paroles.