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Ses auteurs savaient bien que les dix mille, et à plus forte raison les vingt mille braves qu’ils demandaient, ne se trouveraient pas ; que, par conséquent, l’exploit qu’ils annonçaient n’avait aucune chance d’être tenté avec ses hasards et ses périls. Sous leur but avoué ; il y en avait un autre inavoué, celui d’être connus un jour, — après la capitulation, qui soulèverait sans aucun doute la réprobation du gouvernement et du pays, — comme des officiers s’y étant opposés, opposition qui devait leur procurer honneur et avancernent.

Quelques officiers supérieurs s’étaient joints de bonne foi aux meneurs de cette basse intrigue ; mais l’armée, qui ne les estimait pas, leur avait donné, par dénigrement, ce nom de troueurs.

Qu’eût-elle pensé d’eux si elle avait su que leurs visées ne se bornaient pas là ; qu’ils avaient organisé une conjuration dont le but était de faire, dans l’armée et dans la place, un second 4 septembre, de mettre en prison le maréchal Bazaine, le maréchal Le Bœuf, le maréchal Canrobert, le général Frossard, le général Desvaux, etc., tous les généraux enfin dont le caractère pouvait et devait les gêner, et de former dans la ville un nouveau Gouvernement Provisoire ?

L’âme de cette conjuration, son pivot, sa cheville ouvrière, celui qui devait être la cause du procès Bazaine, celui enfin qui devait poursuivre son ancien chef de toute sa haine, c’était le colonel d’Andlau, le