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connu qu’un résultat tout extérieur, parfaitement avouable et honorable.

Malgré cela, l’armée n’a point été longtemps dupe des manœuvres de Messieurs les troueurs, elle a de suite et très exactement découvert ce que leur apparence d’énergie, de courage, de dévoûment, de patriotisme à outrance, cachait d’ambitions personnelles et de perfide jactance.

Ces messieurs s’agitaient beaucoup, disaient tout haut : « Nous marchons à une capitulation, à une honte que nous ne voulons pas subir ; nous recruterons vingt mille ou même seulement dix mille braves, avec lesquels nous ferons une trouée dans les lignes prussiennes. »

C’était en petit la sortie en masse, la sortie torrentielle, — les femmes en avant, — réclamée par la garde nationale de Paris, dont quelques bataillons avaient fait héroïquement leur devoir, mais dont la majeure partie était tout aussi prompte à se débander et à se sauver en face de l’ennemi, qu’elle était bruyante et révoltée en ville, en réclamant l’honneur de faire cette fameuse sortie.

Si ce projet n’avait eu pour mobile que le sentiment vrai de l’honneur, que le courage, que le désespoir, l’armée aurait respecté cette douleur parce qu’elle eût été en effet respectable. Mais l’armée reconnut sans hésiter que ce projet avait une tout autre source et un tout autre but.