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soldats ? Ils voyaient clairement leur devoir militaire, — les événements l’ont prouvé ; — mais il pouvait y avoir des devoirs, à la fois civils et militaires, qui s’imposaient encore plus.

Comme militaires, ils comprenaient ce que comprend tout vrai soldat, pour ne pas dire tout homme de sens, c’est qu’après Sedan, la France était perdue. Elle ne pouvait que combattre et verser son sang, sans espérance d’obtenir d’autre résultat qu’une gloire stérile pour son courage et son opiniâtreté, mais qui, en revanche, ne pouvait qu’accroître sa propre misère et augmenter considérablement la dette nationale 11. Ils résolurent ensemble, — et cette résolution fut plutôt celle d’une réunion de camarades, n’écoutant que leur patriotisme, que celle d’un conseil de guerre réuni sous la présidence du chef de l’armée — d’envoyer le général Boyer conférer avec Bismarck. Celui-ci suggéra un expédient qui permettrait aux assiégés de Metz de rester dans le chemin du devoir et de l’honneur. L’expédient avait besoin de la coopération de l’impératrice Eugénie, alors régente. Celle-ci, tandis que l’armée de Metz appuierait la régence ad interim, devait adresser un manifeste à la nation, pour qu’elle se prononçât sur la forme de gouvernement qu’elle préférait. Cette transaction était conforme en tous points à celle que le gouvernement