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de France dont il avait eu connaissance était celui de la Régence.

Les Anglais n’ont pas l’habitude de regarder Monk comme un traître ; encore Monk alla-t-il plus loin que jamais Bazaine n’a songé à aller. Monk renversa un gouvernement établi en rappelant Charles II. Bazaine n’a eu qu’un espoir, — donner la paix à la France, en maintenant le gouvernement dont il était le serviteur assermenté. Les Allemands refusaient de traiter avec ces messieurs du pavé, qui avaient usurpé le pouvoir en attendant le vote national. Ney a été fusillé pour avoir fait ce que l’on sait, et Bazaine a été condamné à être fusillé pour avoir fait le contraire. Ney alla prématurément au-devant de Napoléon ; Bazaine ne voulut pas prématurément abandonner Napoléon renversé par la force.

C’était un temps où des hommes à l’esprit plus vif que celui de l’honnête vieux soldat, se trouvaient eux-mêmes embarrassés. Nous pouvons mettre de côté l’épisode de Régnier. Régnier était un instrument de Bismarck ; il fut désavoué par l’Impératrice et ne réussit pas à compromettre Bazaine.

Comme les jours d’octobre s’écoulaient, laissant l’armée dans son isolement, Bazaine et les généraux qui formaient son conseil, virent enfin, dans toute sa réalité, l’horreur d’une situation sans précédent dans l’histoire. Ils commandaient la seule armée régulière que possédât la France ; étaient-ils citoyens, sujets ou