Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/150

Cette page n’a pas encore été corrigée

En effet, on l’a accusé d’avoir trahi la France, et c’est cette accusation qui a noirci son nom. Or il est établi qu’il a tenu jusqu’au dernier morceau de pain ; ainsi ses rapports avec l’ennemi n’ont pu avoir pour but une reddition prématurée. Il négocia avec l’ennemi, juste comme Jules Favre le fit à Ferrières et comme Thiers le fit encore à Versailles : mais il a agi avec le caractère d’un chef-patriote abandonné à ses propres lumières 10.

Nous sommes en révolution. De la nature de cette révolution, il ne savait rien que par ouï-dire. Le gouvernement de la Défense nationale n’avait jamais communiqué avec lui, il lui avait encore moins fait connaître les pouvoirs d’après lesquels il agissait. Ces pouvoirs étaient-ils autre chose qu’une usurpation, en attendant le vote d’une Assemblée nationale ?

La France bouleversée, on le sait, avait acquiescé à l’initiative révolutionnaire de Paris, mais tous les renseignements que Bazaine obtint à ce sujet vinrent de fragments de journaux, ramassés au hasard, que les Allemands lui envoyèrent, ainsi que d’une communication du prince Frédéric-Charles. Bazaine et son armée avaient prêté serment de fidélité à l’Empire. L’Empereur l’avait placé où il était. Le dernier gouvernement