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à l’appui, je puis dire que j’ai vu des prisonniers et des déserteurs de l’armée assiégée amenés dans les lignes allemandes, rongés par le scorbut et les maladies cutanées, résultant évidemment de l’appauvrissement du sang, et affamés non pas comme des hommes, mais comme des loups.

L’armée qui, après la capitulation, défila pour se rendre prisonnière dans ses cantonnements, offrait le spectacle lamentable d’hommes décharnés, anémiques et couverts de pustules. Les malheureux mouraient comme des mouches pendant qu’ils attendaient dans leurs camps découverts, sous la pluie froide, que les trains de prisonniers fussent prêts pour les emmener en captivité ; et la mortalité durant le voyage fut considérable. Le 8 octobre, Coffinières présentait à Bazaine un état indicatif d’après lequel, même en réquisitionnant les approvisionnements de la ville, les vivres ne devaient pas aller au delà du 20 octobre. « Telle est, disait-il, — c’était un homme froid et dur, l’extrême limite à laquelle nous pouvons arriver, en épuisant toutes les ressources possibles. »

Le 7, Bazaine avait fait une vigoureuse sortie dans la vallée de la Moselle, qui lui avait coûté 1 200 hommes et prouvait simplement la force de l’investissement.

Le 10, un conseil de guerre se prononça unanimement contre la possibilité de nouveaux efforts offensifs,