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Bazaine n’avait pas le pouvoir de sortir ; mais il avait le sentiment que, du moins, il retenait autour de lui une grande armée allemande. Il se trompa, dans un sens purement militaire, en ne faisant pas de sorties plus fréquentes et plus vigoureuses, bien qu’on se soit appliqué à amoindrir l’importance de ses sorties, sous le rapport du nombre et de la vigueur.

En réduisant la question au point de vue du résultat strictement militaire, Bazaine n’eut pas tort de ne pas être plus énergique dans ses sorties 7. Les Allemands connaissaient sa situation aussi bien, si ce n’est mieux que lui-même. Tant qu’il était à craindre, nulle cessation d’hostilité n’eût engagé les Allemands à se relâcher dans leur vigilance ni à diminuer leurs forces d’un seul homme. Ils pouvaient se soumettre à de grandes fatigues sans souffrir matériellement. Les coups que Bazaine pouvait leur porter retombaient bien plus terribles encore sur ses pauvres diables de soldats. Chaque Allemand aurait coûté deux Français. Il est facile de dire après coup qu’il eût mieux valu que les Français fussent tués dans cette proportion que d’aller pourrir dans les prisons allemandes ; mais c’est au dernier moment que Bazaine entrevit cette sombre destinée, pour ce qui avait été la puissante armée du Rhin.