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Beaucoup de mots de la langue allemande sont empruntés à notre vocabulaire ; beaucoup de nos expressions lui sont devenues familières. Plus les classes sont élevées, plus l’usage des mots français est fréquent. Or, pendant la guerre, il avait été établi en Allemagne, dans un grand nombre de coteries et dans presque tous les régiments que, chaque fois qu’on prononcerait un mot français, on serait obligé, non pas de donner un gage comme à pigeon vole, mais de payer une amende destinée aux blessés.

Après l’annexion, tous les marchés, négociations, rapports avec les habitants furent effectués en allemand. Les professeurs reçurent, dans les écoles, défense formelle d’enseigner le français ; les leçons particulières elles-mêmes furent interdites.

Aujourd’hui tous les enfants du peuple, tous les jeunes gens de quinze à dix-sept ans, appartenant aux classes nécessiteuses et laborieuses, ne savent pas un mot de français. Et si dans la bourgeoisie et l’aristocratie les mères n’avaient le soin de l’apprendre à leurs enfants, la génération prochaine parlerait moins français en Alsace qu’en Allemagne, où, au contraire, c’est un devoir d’apprendre la langue de cette nation ennemie, que l’on déteste, méprise, jalouse, envie, et que l’on est toujours prêt à combattre. On avait laissé subsister jusqu’à ce jour les enseignes françaises qui figuraient à la devanture d’un grand nombre de boutiques. Il parait que c’était