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nourrissait encore l’espoir, quand deux ou trois jours de repos auraient rendu la vigueur à son armée, de s’en aller vers Châlons, soit par Sainte-Menehould, soit par la route de Sedan, sur laquelle Mac-Mahon entreprit, d’une manière si désatreuse, de se rapprocher de lui.

Le reproche adressé à Bazaine relativement à Gravelotte, suivant le proverbe que tout bâton est bon pour battre un chien, a été qu’il n’envoya pas sa réserve, la garde impériale, au secours de Canrobert, dans sa position sur l’extrême droite. Bazaine donna à Canrobert tout ce qu’il osa donner comme réserve d’artillerie, appuyée d’une colonne d’infanterie, conduite par Bourbaki ; mais il devait, pour ne pas tout risquer, conserver quelque réserve en main. Les Allemands le harcelaient violemment sur tout son front ; s’ils l’eussent entamé sur quelque point, entre la Moselle et Amanvillers, Canrobert eût été tout à fait isolé.

Plus loin, le corps d’armée de Manteuffel, qui, lui, n’avait pas traversé la rivière, menaçait de l’attaquer par derrière, éventualité pour laquelle il devait être entièrement prêt.

Bazaine avait l’infériorité du nombre, ce qui est encore une plus mauvaise condition dans l’offensive que dans la défensive. Il avait à faire face à un grand nombre de dangers, et quand, dans l’avenir, on jugera sa conduite à un point de vue élevé et impartial, j’ose avancer que la critique militaire dira que Bazaine, à