Page:D'Hérisson - La Légende de Metz, 1888.djvu/135

Cette page n’a pas encore été corrigée

celui qu’on lui prêtait. Il regardait comme impossible de rester le 17 dans sa position ; il se replia pour se refaire, et s’arrêta à Gravelotte pour offrir bataille à l’ennemi, dans l’espoir justifié que celui-ci viendrait se briser de lui-même contre cette position. Si l’ennemi refusait la bataille, il espérait, comme il l’écrivit à l’empereur dès le 17, être capable de se jeter au nord de la Meuse le 19. Si l’ennemi acceptait, il était battu. Inutile de dire alors ce qui pourrait arriver.



NOTES DU CHAPITRE VI

1. Nous avons cru devoir, afin de laisser à M. Archibald Forbes toute son originalité, traduire ses appréciations en conservant certaines tournures et expressions très anglaises.


2. La publication de ce livre n’avait pas but ma défense, parce que je ne me suis jamais senti coupable ; mais la production des documents pouvant servir à écrire l’histoire de cette époque néfaste.

Pour arriver à ce résultat il n’est jamais trop tard ; et si je ne l’avait pas publié plus tôt, c’est sur l’invitation amicale de M. Rouher, qui ne jugeait pas le moment venu.


3. M. Archibald Forbes revenait d’Autralie. (Note de la traduction)


4. Il y a cependant des gens militaires et civils qui, désignés comme témoins à charge, témoignèrent que ces travaux n’existaient pas. Et ce qu’il y a de plus fort, c’est que nombre de pièces armant les ouvrages étaient en bois peint. On ne peut être plus idiotement crédule et méchant. Tous les racontars recueillis par l’instruction ont eu ce caractère mensonger.


5. C’est à cheval que j’ai quitté mon quartier général pour me rendre à Corny, et c’est à mon passage à Ars-sur-Moselle que les insultes ont été proférées, de loin, par les ouvriers des usines de ce centre industriel.

M. André, maire républicain d’Ars, qui fut plus tard député, puis préfet, ne fit rien pour la garnison de Metz.


6. Cet officier général, appartenant à l’arme du génie, avait été employé à Metz pendant mon commandement du 3e corps d’armée à Nancy. D’un caractère porté à la critique, il blâmait les projets du comité de son arme sur les travaux à exécuter. Il put changer de résidence, et c’est à Lyon que la révolte du 4 septembre le trouva disposé à la servir.

M. le général de Cissey a affirmé que M. Thiers l’avait accepté parce qu’il s’était offert, mettant à l’appui de sa demande son désir de m’étre utile. Ce qu’avance M. Forbes est très vrai, quant à son attitude vis-à-vis de moi. C’était une lâcheté qui se reproduisait tous les jours.

J’ai bien souffert.

M. Challemel-Lacour, alors préfet de Lyon, voulut bien lui donner un commandement, qu’il déclina, disant qu’il s’en tirerait mal, mais qu’il ferait de bonnes fortifications. A ce propos, je lui disais : « Pourquoi alors voulez-vous apprécier mes opérations ? » Il me répondit d’un ton rogue : « Ah ! voilà !… »


7. Ce que j’entends par indiscipline n’est pas le refus absolu d’obéissance, mais la plus blâmable insouciance dans l’exécution rapide des ordres donnés, des instruction reçues.


8. Dans la composition du conseil d’enquête, qui fut la même pour tous les commandants de place, quel qu’ait été leur grade, on a, en ce qui me concerne, foulé aux pieds le règlement, en faisant figurer dans le conseil le général d’Aurelles, qui avait commandé la 5e division, dont Metz faisait partie, pendant que je commandais le 3e corps d’armée, et en appelant en témoignage des individualités qui ne pouvaient témoigner à aucun titre.


9. On mit à ma charge toutes les responsabilités qui ne pouvaient m’incomber. Les généraux qui avaient été sous mes ordres me traduisirent en conseil de guerre, dont les membres furent désignés par le gouverneur de Paris, qui avait été également sous mes ordres.

Il en fut de même du général rapporteur qui avait été deux fois sous mon commandement.

Quelle époque peut être citée comme ayant autant méprisé toutes les règles de la justice humaine ?

Aucune.


10. A cet égard, il serait utile de prendre connaissance des lettres publiées par les généraux Castagny, Montaudon, Metman et Juniac, pour se disculper des reproches du général Frossard, à qui seul devait incomber la responsabilité du désastre de Spickeren dont les conséquences morales furent si funestes au 2e corps, et par suite à l’armée.

M. le général Rivières me reprocha de ne pas avoir été de ma personne au secours de Frossard, son chef (président du comité du génie).

C’est ainsi qu’il comprenait ma situation à Saint-Avold, dépendant directement de l’Empereur !

Pauvre génie !


11. Lorsque l’Empereur me remit verbalement le 12, dans la soirée, le commandement de l’armée, cette remise ne fut pas accompagnée de renseignements sur la situation de l’ennemi. La preuve, c’est que Sa Majesté elle-même ignorait sa présence si près du quartier impérial, quand elle se décida à quitter l’armée, le 16 au matin. L’état-major général n’en savait pas plus.

On opérait en aveugles, en véritables étourneaux.


12. Vis-à-vis d’un souverain dont on est habitué à recevoir des instructions, des ordres depuis dix ans, et auquel on a toujours obéi, je regarde cette résistance comme impossible et frisant de bien près l’indiscipline.

Que n’a-t-on pas dit à propos de mon commandement au Mexique ! Il en a été de même â l’armée du Rhin, puisque à l’enquête parlementaire on m’a demandé s’il était vrai que je m’étais séparé de l’Empereur ?

Toujours les questions de tendance !


13. J’avais accepté ce combat malgré moi, et il n’aurait pas eu lieu si mes instructions pour la manœuvre du passage de la Moselle avaient été exactement suivies, sans perte de distance entre les échelons, et par conséquent perte de temps, dont profita l’ennemi.


14. Je n’ai pas eu l’initiative des mouvements.

On m’a imposé la solution d’un problème avec des données qui ne pouvaient, à moins d’un miracle, le résoudre en faveur de nos armes.

15. On est réduit au rôle de la défensive quand les moyens dont on dispose sont inférieurs à ceux de l’ennemi.

Or, dans les guerres modernes, avec l’égalité des armes, de l’instruction et de l’expérience, le nombre fait beaucoup, et la victoire appartient généralement aux gros bataillons.


16. Ce service, tout au long tracé dans le règlement sur le service en campagne, doit être fait par ordre des généraux, des chefs d’état-major, etc., et ils ne doivent pas attendre pour l’exécution, soit de jour, soit de nuit, que l’initiative vienne du général en chef. Cela ne prouve qu’un fait, c’est qu’il existait, une malechance très préjudiciable au service dans les degrés de la hiérarchie.

Il n’y avait pas que des traînards, mais des divisions entières restées dans la vallée, qui ne sont arrivées en ligne que le soir du 16 août.


17. C’est bien ce que je voulais faire, mais la non-réussite de la charge des cuirassiers de la garde, la dispersion de l’état-major général, qui en a été la conséquence, le peu de solidité des 2e et 6e corps, l’éloignement du 4e sur la ’droite, la fatigue des troupes, me firent renoncer à mon projet. J’en avais parlé le matin du 16 à l’intendant général Wolff.


18. Le prince Frédéric-Charles exprime dans son rapport officiel, inséré dans la Gazette officielle de Berlin, le soin qu’il prit de s’opposer à la marche présumée du 17 et d’en profiter pour faire une attaque de flanc.

J’ai donc bien fait de ne pas l’entreprendre.


19. La calomnie provoque de la part de l’opinion toujours de fausses suppositions de tendances à agir de telle ou telle façon.

Si c’eût été ma pensée, j’aurais agi autrement.

Je me serais établi à Metz, me créant des partisans, et me substituant au commandant titulaire ainsi qu’aux autorités civiles ; tandis que, jusqu’au dernier jour, j’ai maintenu le quartier général à l’extérieur, et chaque autorité dans ses attributions concernant la ville, dont je n’ai jamais été le commandant supérieur.