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Il n’est jamais venu à la pensée des Français, pendant plus de deux siècles de possession, de victimer l’Alsace, de froisser tous ses instincts, toutes ses habitudes, de lui interdire par exemple de parler allemand, de lui imposer la langue française. Il paraît que nous avons eu tort, puisque cela a permis à nos voisins de revendiquer cette province, sous le prétexte que tous les pays où l’on parle allemand appartiennent à l’Allemagne.

Comme ils aiment à mettre leurs actes d’accord avec leurs paroles, — ce qui est encore un avantage qu’ils ont sur les Français, — ils n’ont pas voulu que nous fussions un jour en droit de réclamer à notre tour l’Alsace en vertu du même principe, et ils ont imposé leur langue avec toute la rigueur qu’autorise la force.

Chaque phrase, chaque mot français était d’ailleurs pour eux un reproche, après la duplicité avec laquelle, pour se faire des alliés des ennemis de l’Empire, ils avaient déclaré ne pas combattre la France, mais la dynastie impériale ; puis, après la chute de cette dynastie, avaient continué de plus belle, s’acharnant contre notre malheureux pays. Ils n’ont reculé devant aucune mesure pour faire disparaître la langue française. Du reste, il se passait en Allemagne, pendant la guerre, un, fait assez bizarre, presque enfantin, mais qui donne bien la mesure des sentiments dont ces gracieux voisins étaient animés à notre égard.