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son mouvement, par une poignée de uhlans, et fut ainsi la cause première du blocus de Metz.

En effet, la condamnation de Bazaine blanchit toute l’armée française. La France accepta la ruine de sa réputation, et se donna en retour pleine décharge des défauts de son armée… On fit ainsi de Bazaine le Jonas de la réputation militaire de la France.

D’un bout à l’autre de cette tragi-comédie, le vieux soldat dévoué accepta tout, avec un cœur vaillant et une conscience pure. Chargé, au début de la guerre, de l’intérim du commandement de toute l’armée du Rhin, en attendant l’arrivée de l’Empereur, il s’y employa avec une mâle persévérance, bien qu’il fût embarrassé par des ordres contraires de Paris et entravé par la négligence et la désobéissance des généraux de corps d’armée. En homme prudent, il favorisa la défensive, quand il vit le profond désordre qui l’entourait. Au bout de dix jours, l’Empereur arriva à Metz. Bazaine fut relégué au second plan, au commandement d’un simple corps d’armée, et le fanfaron Le Bœuf déclara : « Il est temps maintenant de prendre l’offensive. »

L’offensive, en vérité, quand déjà les troupes, sur la défensive, étaient affamées faute de provisions ! Le projet d’invasion était mort-né dans l’occupation avortée de Sarrebrück le 2 août ; et, sous l’impression d’un contre-coup imminent, Bazaine, le soldat prêt à toute corvée, fut nommé au commandement de trois