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M. Henri Chevreau, qu’ils trouvèrent dans son cabinet, assis devant son bureau.

Il était minuit.

Trochu lui montra le décret signé de l’Empereur et la proclamation qu’il avait rédigée en chemin de fer.

La stupéfaction de M. Chevreau serait difficile à décrire. Après quelques instants de conversation à bâtons rompus, il se leva tout à coup, comme quelqu’un qui a pris une résolution subite, et dit : « Je vais vous conduire chez l’Impératrice. »

On partit en effet pour les Tuileries, où l’on arriva à minuit et demi. MM. Chevreau et Trochu furent immédiatement introduits chez Sa Majesté ; le général Schmitz restant dans le salon de service, où se trouvaient déjà MM. Conneau, lieutenant de vaisseau, et Piétri, préfet de police.

On connaît la conversation de l’Impératrice avec ces messieurs. L’amiral Jurien de la Gravière y assistait ; mais ce qui n’est pas connu, c’est qu’après les premières paroles prononcées, l’Impératrice interpella en ces termes le général Trochu :

— Général, ne pensez-vous pas qu’en raison des difficultés et de la gravité de la situation, il serait opportun de rappeler les princes d’Orléans ?

Trochu répondit :

— Je ne suis pour rien dans leur éloignement, mais je ne vois pas bien en quoi leur rappel pourrait modifier la situation ?