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et Châlons ; mettez-vous en route pour Verdun, dès que vous le pourrez. La gendarmerie a quitté Briey, par suite de l’arrivée des Prussiens. »

C’était partir enfin ! mais bien inopinément, sans avoir consulté son général en chef, sans avoir pris son avis ; c’était compliquer gravement la situation, ses dernières paroles étant encore des ordres.

L’Empereur arrivait le jour même à Châlons. J’ai dit ailleurs comment il fut accueilli par la Mobile 6 et quel était l’aspect du camp.

« En effet, à la place de l’ordre habituel ; un désordre tel qu’il semblait que ce camp fût voué au pillage. Tous les petits ouvrages, jardinets, bustes, statues, jets d’eau, bosquets où s’égayait la fantaisie du troupier, — ravagés, détruits, renversés. A là place des généraux brodés, des chefs à l’uniforme maculé qui semblaient avoir peur de se montrer à leurs hommes. A la place des beaux régiments d’autrefois, ce ramas d’êtres sans discipline, sans cohésion et sans rang, ce grouillement de soldats boueux et sans armes qui s’appellent les isolés.

« Là, en dehors des tentes et des baraquements, où il n’y avait pas de place pour eux, accroupis ou couchés autour de feux de bivouac, sans distributions régulières, sans armes, l’uniforme en lambeaux, se tenaient les isolés du corps de Mac-Mahon, les