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C’est une dépêche à l’Impératrice qui devait faire connaître le dessous des cartes :


Piétri à l’Impératrice.


Confidentiel pour l’Impératrice seule.


Metz, 8 août, 4 h. 30 soir.


N’écoutant que mon dévouement, j’ai demandé à l’Empereur s’il se sentait assez de force physique pour les fatigues d’une campagne active, de passer les journées à cheval et les nuits au bivouac. Il est convenu avec moi qu’il ne le pouvait pas. Je lui dis alors qu’il valait mieux aller à Paris réorganiser une autre armée, et soutenir l’élan national, avec le maréchal Le Bœuf comme ministre de la guerre, et laisser le commandement en chef de l’armée au maréchal Bazaine qui en a la confiance, et auquel on attribue le pouvoir de tout réparer. S’il y avait encore un insuccès, l’Empereur n’en aurait plus la responsabilité entière.

C’est aussi l’avis des vrais amis de l’Empereur.


Et l’on m’a blâmé d’avoir écrit qu’en dehors de la patrie, à qui l’on doit tout, même sa vie, il ne faut pas se dévouer à ceux qui, sur les trônes, aspirent, disent-ils, à faire le bonheur des peuples, tout en exploitant leurs sujets !

Franchement, le jugement qu’a porté la majorité de la nation sur l’obéissance et le dévoûment qu’a montrés Bazaine envers son souverain, dans la bonne et la mauvaise fortune, n’est pas fait pour me donner tort.

L’Empereur se retirait, et il faisait bien ! Mais il était déjà malheureusement trop tard ; et quoique investi du