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rapport à une attaque probable de l’ennemi, je fus au quartier impérial à Metz pour saluer l’Empereur, le remercier de sa bienveillance, et en même temps faire observer à Sa Majesté que les maréchaux Certain Canrobert et de Mac-Mahon étaient plus anciens et plus aptes que moi pour exercer ce commandement, dans les conditions difficiles où se trouvait l’armée ; cet entretien eut lieu au rez-de-chaussée de la préfecture, où habitait l’Empereur, en présence de M. le maréchal Certain Canrobert et de M. le général Changarnier. Le premier, ne faisant aucune objection à mon observation, sembla décliner la responsabilité du commandement dans une telle situation, comme il l’avait fait du reste en Crimée, lorsqu’il remit le commandement au maréchal Pélissier : ses amis appellent cette conduite du désintéressement : c’est plutôt, comme on dit vulgairement, tirer son épingle du jeu. Quant au second, dont la réputation militaire était basée sur ses campagnes en Afrique, les seules de sa carrière, il fit observer que nous ne pourrions arriver à Verdun si on ne se pressait pas, car l’ennemi serait avant nous dans la direction de Fresnes, dont les positions seraient très difficiles à enlever, mais il n’émit aucun avis quant à l’offensive à prendre de la rive droite.

L’Empereur me répondit :

— L’opinion publique, unie à celle de l’armée, vous désigne à mon choix : Mac-Mahon a été malheureux à Froeshwiller, et Canrobert vient d’avoir son prestige égratigné au camp de Châlons ; il n’y a donc plus que vous d’intact, et c’est un ordre que je vous donne.


Voilà dans quelles conditions matérielles et morales le maréchal Bazaine fut investi du commandement en chef. C’était une lourde tâche que lui imposait