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qu’à condition d’avoir la supériorité du nombre, eu égard à la démoralisation de l’armée ; et cette supériorité, je ne l’aurai pas, si un corps d’armée passe la rivière pendant que les autres se battront.

L’Empereur fut inflexible. Était-il possible de pousser plus loin l’entêtement et le trouble d’esprit ?

Napoléon Ier a dit 2 : « Au commencement d’une campagne, il faut bien méditer si l’on doit ou non s’avancer ; mais quand on a effectué l’offensive, il faut la soutenir, jusqu’à la dernière extrémité. Car, indépendamment de l’honneur des armes et du moral de l’armée, que l’on perd dans une retraite, du courage que l’on donne à son ennemi, les retraites sont plus désastreuses, coûtent plus d’hommes et de matériel que les affaires les plus sanglantes, avec cette différence que, dans une bataille, l’ennemi perd à peu près autant que vous, tandis que dans une retraite vous perdez sans qu’il perde. »

Telle n’était évidemment pas la manière de voir de son neveu, ou tout au moins de ses conseils !

Du reste, je dois constater que, de la conversation que je viens de reproduire, il n’a pas été dit un mot, au procès de Trianon.

L’Empereur était mort, et le maréchal Bazaine ne voulait pas charger sa mémoire. Fort bien ! Mais il semblerait vraiment que, pour une raison ou pour