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Torjeck, lorsque cette ville apparaît tout d’un coup aux yeux du voyageur qui vient de Pétersbourg, fait l’effet d’un camp au milieu d’un champ de blé. Ses maisons blanchies, ses tours, ses pavillons rappellent aussi les minarets des mosquées de l’Orient. On aperçoit les flèches dorées des dômes, on voit des clochers ronds, d’autres carrés, les uns sont à plusieurs étages, les autres sont bas, tous sont peints en vert, en bleu ; quelques-uns sont ornés de petites colonnes ; en un mot, cette ville annonce Moscou. Le terrain qui l’entoure est bien cultivé, c’est une plaine nue, ornée de seigle ; je préfère de beaucoup encore cette vue à l’aspect des bois malades dont mes yeux ont été attristés depuis deux jours : la terre labourée est au moins fertile : on pardonne à une contrée de manquer de beautés pittoresques en faveur de sa richesse ; mais une terre stérile et qui pourtant n’a pas la majesté du désert, est ce que je connais de plus ennuyeux à parcourir.

J’ai oublié de faire mention d’une chose assez singulière qui m’a frappé au commencement du voyage.

Entre Pétersbourg et Novgorod, pendant plusieurs relais de suite, je remarquai une seconde route parallèle à la chaussée principale qu’elle suivait sans interruption à une distance peu considérable. Cette espèce de contre-allée a des barrières, des garde-