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bouleaux dont les maigres cépées ne peuvent servir qu’à empêcher de cultiver la terre.


(Suite de la même lettre.)
Torjeck, ce 5 août 1839.

On ne voit pas de loin dans les plaines parce que tout y fait obstacle à l’œil ; un buisson, une barrière, un palais vous cachent des lieues de terrain avec l’horizon qui les termine. Du reste ici nul paysage ne se grave dans la mémoire, nul site n’attire vos regards ; pas une ligne pittoresque, les plans sont rares, sans mouvement, sans lignes contrariées ; aussi ne contrastent-ils point entre eux ; sur un terrain dénué d’accidents, il faudrait au moins les couleurs du ciel méridional : elles manquent à cette partie de la Russie, où la nature doit être comptée absolument pour rien.

Ce qu’on appelle les montagnes de Valdaï sont une suite de pentes et de contre-pentes aussi monotones que les plaines tourbeuses de Novgorod.

La ville de Torjeck est citée pour ses fabriques de cuir ; c’est ici qu’on fait ces belles bottes ouvragées, ces pantoufles brodées en fil d’or et d’argent, délices de tous les élégants de l’Europe, surtout de ceux qui aiment les choses bizarres pourvu qu’elles viennent de loin. Les voyageurs qui passent par Torjeck y