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En passant par Novgorod-la-Grande[1], je n’ai vu aucun des anciens édifices de cette ville qui fut longtemps une république, et qui devint le berceau de l’Empire russe ; je dormais profondément quand nous l’avons traversée ; si je retourne en Allemagne par Vilna et Varsovie, je n’aurai vu ni le Volkof, ce fleuve qui fut le tombeau de tant de citoyens, car la turbulente république n’épargnait pas la vie de ses enfants, ni l’église de Sainte-Sophie, à laquelle se rattache le souvenir des événements les plus glorieux de l’histoire russe, avant la dévastation et l’asservissement définitif de Novgorod par Ivan IV, ce modèle de tous les tyrans modernes.

On m’avait beaucoup parlé des montagnes de Valdaï que les Russes appellent pompeusement la Suisse moscovite. J’approche de cette ville, et depuis une trentaine de lieues je remarque que le terrain devient inégal, sans qu’on puisse dire qu’il soit montagneux : ce sont de petits ravins où la route est tracée de manière à ce qu’on monte et descende les pentes au galop ; on continue d’être bien mené tout en perdant du temps à chaque relais : les postillons russes sont lents à garnir et à atteler leurs chevaux.

Les paysans de ce canton portent une toque aplatie et large du haut, mais très-serrée contre la tête : cette

  1. Voir pour la description de ce qui reste de cette ville célèbre la relation écrite au retour de Moscou. Vol. IV.