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point de cacher entièrement la forme de la jambe : on dirait qu’elles ont dérobé la chaussure de leurs maris.

Les maisons ressemblent à celles que je vous ai décrites en revenant de Schlusselbourg ; mais elles ne sont pas toutes aussi élégantes. L’aspect des villages est monotone : un village, c’est toujours deux lignes plus ou moins longues de chaumières en bois, régulièrement plantées, à une certaine distance de la grande route, car en général la rue du village dont la chaussée fait le milieu, est plus large que l’encaissement de cette route. Chaque cabane construite en pièces de bois assez grossières, a le pignon tourné vers le chemin. Ces habitations se ressemblent toutes ; mais malgré l’inévitable ennui qui résulte d’une telle uniformité, il m’a paru qu’un air d’aisance et même de bien-être régnait dans les villages. Ils sont champêtres sans être pittoresques, on y respire le calme de la vie pastorale, dont on jouit doublement en quittant Pétersbourg. Les habitants des campagnes ne me paraissent pas gais, mais ils n’ont pas non plus l’air malheureux comme les soldats et les employés du gouvernement ; de tous les Russes, ce sont ceux qui souffrent le moins de l’absence de la liberté ; s’ils sont les plus esclaves, ils sont les moins inquiets.

Les travaux de l’agriculture sont propres à récon-