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rais-je à vous dire de ce prince que vous ne sachiez maintenant aussi bien que moi ? Songez, pour vous faire une idée des hommes et des choses de ce pays, qu’il s’y passe bien d’autres histoires du genre de

    est précieux par les aveux qui s’y trouvent renfermés sous la forme de louanges : il a d’ailleurs un caractère officiel comme tout ce que publient les Russes qui veulent continuer de vivre dans leur pays. Voici quelques exemples de cette flatterie innocente qui ailleurs s’appellerait insulte ; mais ici l’encens n’est pas raffiné. L’auteur loue l’Empereur Nicolas des réformes introduites par ce prince dans le code des lois russes : grâce à ces améliorations, dit-il, aucun noble ne pourra désormais être mis aux fers, quelle que soit sa condamnation. Ce titre de gloire du législateur, rapproché des actes de l’Empereur, et particulièrement des faits que vous venez de lire, vous donne la mesure de la confiance que vous pouvez accorder aux lois de ce pays et à ceux qui s’enorgueillissent tantôt de leur douceur, tantôt de leur efficacité. Ailleurs le même courtisan…, j’allais dire écrivain, poursuit son cours de louanges et nous exalte en ces termes ce qu’il prend pour la constitution de son malheureux pays : « En Russie, la loi qui émane directement du souverain, acquiert plus de force que les lois qui proviennent des assemblées délibérantes par la raison qu’il y a un sentiment religieux attaché à tout ce qui dérive de ce principe, l’Empereur étant le chef-né de la religion du pays ; et le peuple que des doctrines déicides n’ont pas encore entamé, considère comme sacré tout ce qui découle de cette source. »
      La sécurité avec laquelle cette flatterie est dispensée rend toute remarque superflue, nulle satire ne pourrait porter coup après de tels éloges. Le choix du point de vue de l’écrivain, homme du monde, homme d’esprit, homme d’affaires, vous en apprend plus sur la législation de son pays, ou plutôt sur la confusion religieuse,