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tarandasse à ressorts[1] n’est guère plus solide que ma calèche, c’est la remarque que faisait tout à l’heure une personne du pays qui était venue assister aux apprêts de mon départ. Vous m’inquiétez, lui répliquai-je, car je suis ennuyé de casser à chaque poste.

— Pour une longue route, je vous conseillerais d’en prendre une autre, si toutefois vous en pouviez trouver à Moscou dans cette saison ; mais le voyage est si court que celle-ci vous suffira. »

Ce court voyage pour aller et revenir avec le dé tour que je compte faire par Troïtza et Yaroslaf est de quatre cents lieues ; notez que dans ces quatre cents lieues, il y en a bien à ce qu’on m’assure cent cinquante de chemins détestables : rondins, souches d’arbres enfoncées dans la tourbe, sables profonds avec des pierres mouvantes, etc., etc., etc. À la manière dont les Russes apprécient les distances, on s’aperçoit qu’ils habitent un pays grand comme l’Europe, la Sibérie à part.

Un des traits les plus séduisants de leur caractère, à mon avis, c’est leur aversion pour les objections ; ils ne connaissent ni difficultés ni obstacles. Ils savent vouloir. En cela l’homme du peuple participe à l’hu-

  1. La vraie tarandasse est une caisse de calèche posée sans ressorts sur deux brancards qui unissent le train de devant à celui de derrière.