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triote !… La Russie est un malade qu’on traite par le poison.

Vous voyez d’un coup d’œil toute la résistance que devrait opposer à cette invasion masquée l’Europe rajeunie par cinquante ans de révolutions et mûrie par trois cents ans de discussions plus ou moins libres. Elle remplit ce devoir, vous savez comment !

Mais encore une fois qui a pu forcer ce colosse si mal armé à venir se battre ainsi sans cuirasse, à guerroyer ou du moins à lutter en faveur d’idées qui ne l’intéressent pas, d’intérêts qui n’existent pas encore pour lui ? car l’industrie même ne fait que de naître en Russie.

Ce qui l’y force, c’est uniquement le caprice de ses maîtres, et la gloriole de quelques grands seigneurs qui ont voyagé. Ainsi ce jeune peuple et ce vieux gouvernement courent ensemble tête baissée au-devant des embarras qui font reculer les société modernes et leur font regretter le temps des guerres politiques,

    introduites dans la constitution. Le monde a vu où ces garanties, abolies bientôt par Pierre Ier, ont mené la Russie. Tel est le crime pour lequel un grand seigneur peut être aujourd’hui exilé en Sibérie, à Viatka !
      Il n’est point exilé, l’Empereur lui a seulement conseillé (*) ce séjour. Bannissement patriarcal, qui ne peut être en usage que sous l’autocratie paternelle établie en Russie.
      (*) Voir le Journal de Francfort et la Gazette d’Augsbourg.