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fait boire les convives à la santé de tous ses parents… inconnus !… L’autre réclame l’honneur d’être frère… (de père) de toutes les filles de service de sa mère.

Ces turpitudes ne sont pas toutes également vraies, il y a là beaucoup de fanfaronnade sans doute ; mais inventer de pareilles infamies pour s’en glorifier, c’est une corruption d’esprit qui dénote un mal profond, et pire, ce me semble, que les actions mêmes de ces libertins, tout insensées qu’elles sont.

Si l’on en croit ces messieurs, les bourgeoises de Moscou ne se conduisent pas mieux que les grandes dames.

Pendant les mois où les maris vont à la foire de Nijni, les officiers de la garnison n’ont garde de quitter la ville. C’est l’époque des rendez-vous faciles : elles y viennent ordinairement accompagnées de quelques respectables parentes à la garde desquelles les ont confiées les maris absents. On va jusqu’à payer les complaisances et le silence de ces duègnes de famille ; cette espèce de galanterie ne peut s’appeler de l’amour : point d’amour sans pudeur, tel est l’arrêt prononcé de toute éternité contre les femmes qui se trompent de bonheur et qui se dégradent au lieu de se purifier par la tendresse. Les défenseurs des Russes prétendent qu’à Moscou les femmes n’ont pas d’amants : je dis comme eux ; il faudrait se servir de quelque autre