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vois ? Ceci n’est pas une composition, c’est une description la plus complète possible. Si je voyage, c’est pour peindre les sociétés comme elles sont, non pour les représenter comme elles devraient être. La seule loi que je m’impose par délicatesse, c’est de ne faire aucune allusion aux personnes qui désirent rester inconnues. Quant à l’homme que je choisis pour modèle des mauvais sujets les plus effrontés de Moscou, vous saurez qu’il pousse le dédain du blâme jusqu’à désirer, m’a-t-il dit, de vous être représenté par moi tel que je le vois, aussi me parut-il contrarié d’échapper à la publicité quand je lui répondis que je n’écrivais rien sur la Russie. Si j’ai cité plusieurs faits racontés par lui, ce n’est pas sans me les faire confirmer par d’autres. Je ne veux pas vous laisser croire aux mensonges patriotiques des Russes bons sujets ; vous finiriez par leur accorder que la discipline de l’Église grecque est plus sévère et plus efficace que ne le fut autrefois celle de l’Église catholique en France et ailleurs.

Donc, quand le hasard me fait connaître un acte atroce comme celui dont vous allez lire le récit très abrégé, je me crois obligé de ne pas vous cacher ce crime énorme. Apprenez qu’il ne s’agit de rien moins que de la mort d’un jeune homme, tué dans le couvent de*** par les religieuses elles-mêmes. Le récit m’en fut fait hier en pleine table d’hôte, devant plu-