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assaillent de demandes impertinentes ou puériles, ils s’enquièrent de tout. Naturellement inquisitifs, les Slaves ne répriment leur curiosité que par la bonne éducation et par l’habitude du grand monde ; mais ceux qui ne possèdent pas ces avantages ne se lassent jamais de vous mettre sur la sellette ; ils veulent savoir le but et le résultat de votre voyage ; ils vous demanderont hardiment et répéteront ces interrogatoires jusqu’à satiété : « Si vous préférez la Russie aux autres pays, si vous trouvez Moscou plus beau que Paris, le palais d’hiver à Pétersbourg plus magnifique que le château des Tuileries, Kzarscocselo plus grand que Versailles, » et avec chaque nouvelle personne à laquelle on vous présente il faut recommencer de réciter ces espèces de chapitres de catéchisme, où l’amour-propre national interroge hypocritement l’urbanité de l’étranger. Cette vanité mal déguisée m’impatiente d’autant plus qu’elle se revêt toujours d’un masque de modestie grossièrement mielleuse, destiné à me duper. Je crois m’entretenir avec un écolier rusé, mais mal appris, et qui met son indiscrétion à l’aise, vu qu’il profite dans ses rapports avec les autres de la politesse qu’il n’a pas lui-même.

On m’a fait faire connaissance avec un personnage qui m’était annoncé comme un type assez curieux à observer : c’est un jeune homme d’un nom illustre,