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me fie pas à toi : » telle est la phrase qu’il oppose imperturbablement à toutes les instances qu’on lui fait.

La civilisation qui ailleurs élève les âmes, les pervertit ici. Les Russes vaudraient mieux s’ils restaient plus sauvages ; policer des esclaves, c’est trahir la société. Il faut dans l’homme un fonds de vertu pour porter la culture.

Grâce à son gouvernement, le peuple russe est devenu taciturne et trompeur, tandis qu’il était naturellement doux, gai, obéissant, pacifique et beau : certes voilà de grands dons : partout où la sincérité manque, tout manque. L’avidité mongolique de cette race et son incurable défiance se révèlent dans les moindres circonstances de la vie comme dans les affaires les plus graves. Dans les pays latins la promesse est regardée comme une chose sacrée, et la parole devient un gage qui se partage également entre celui qui le donne et celui qui le reçoit. Chez les Grecs et leurs disciples les Russes, la parole d’un homme n’est que la fausse clef d’un voleur : elle sert à entrer chez les autres.

Faire le signe de la croix à tout propos dans la rue devant une image, le faire en se mettant à table, en se levant de table (ceci a lieu même chez les gens du grand monde), voilà tout ce qu’on enseigne de la religion grecque ; le reste se devine.