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puis, en approchant de l’habitation, vous apercevez au delà du jardin une forêt de sapins, sombre et profonde, qui n’appartient pas au parc, et qui même ne dépend plus de la ville, dont elle borde seulement la limite extérieure : qui n’eût été charmé comme je le fus, à la vue de ces ombres profondes, de ce site majestueux, de cette vraie solitude dans une ville ? qui n’eût rêvé là un camp, d’une horde voyageuse, enfin de toute autre chose que d’une capitale, où se trouve tout le luxe, toutes les recherches de la civilisation moderne ? De tels contrastes sont caractéristiques ; rien de semblable ne peut se rencontrer ailleurs.

On m’a reçu dans une maison de bois….. Autre singularité. À Moscou, le riche est abrité comme le mougik par des planches ; tous deux dorment sous des madriers équarris et échancrés du bout, à la manière des solives employées dans les chaumières primitives. Mais l’intérieur de ces grandes cabanes rappelle le luxe des plus beaux palais de l’Europe. Si je vivais à Moscou, j’y voudrais avoir une maison de bois. C’est la seule habitation qui soit d’un style national, et, ce qui m’importe davantage encore, la seule qui soit convenable sous ce climat. La maison de bois passe, parmi les vrais Moscovites, pour plus saine et plus chaude que la maison de pierre. Celle où l’on me reçut me parut commode et élégante : elle n’est cependant habitée que pendant l’été par le proprié-