Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 3, Amyot, 1846.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Russes s’enorgueillissent d’avoir un grand nombre de beaux établissements publics à montrer aux étrangers ; pour ma part, je me contenterais d’une moindre magnificence en ce genre, car rien n’est plus ennuyeux à parcourir que ces blancs palais somptueusement monotones, où tout marche militairement et où la vie humaine semble réduite à l’action d’une roue de pendule. Demandez à d’autres ce que j’ai vu dans ces utiles et superbes pépinières d’officiers, de mères de famille et d’institutrices ; ce n’est pas moi qui vous le dirai : sachez seulement que ces congrégations moitié politiques, moitié charitables, m’ont paru des modèles de bon ordre, de soin, de propreté ; ceci fait honneur aux chefs de ces diverses écoles, ainsi qu’au chef suprême de l’Empire.

On ne peut un seul instant oublier cet homme unique par qui la Russie pense, juge et vit ; cet homme, la science et la conscience de son peuple, qui prévoit, mesure, ordonne, distribue tout ce qui est nécessaire et permis aux autres hommes, auxquels il tient lieu de raison, de volonté, d’imagination, de passion, car sous son règne pesant, il n’est loisible à nulle créature de respirer, de souffrir, d’aimer, de se mouvoir hors des cadres tracés d’avance par la sagesse suprême qui pourvoit ou qui est censée pour voir à tous les besoins des individus comme à ceux de l’État.