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j’ai été visiter la tour de Soukareff, bâtie sur une hauteur, près d’une des entrées de la ville. Le premier étage est une vaste construction où l’on a pratiqué un immense réservoir ; on pourrait se promener en petit bateau dans ce bassin qui distribue aux différents quartiers de la ville presque toute l’eau qu’on boit à Moscou. La vue de cette espèce de mare murée et suspendue à une grande hauteur, produit une impression singulière. L’architecture de l’édifice, assez moderne d’ailleurs, est lourde et triste ; mais des arcades byzantines, de solides rampes d’escaliers, des ornements dans le style du Bas-Empire, en rendent l’ensemble imposant. Ce style se perpétue en Moscovie ; appliqué avec discernement, il eût donné naissance à la seule architecture nationale possible chez les Russes ; inventé dans un climat tempéré, il s’accorde également avec les besoins de l’homme du Nord, et avec les habitudes de l’homme des pays chauds. Les intérieurs des édifices byzantins sont assez semblables à des caves ornées, et grâce à la solidité des murailles massives, à l’obscurité des voûtes, on y trouve un abri contre le froid aussi bien que contre le soleil.

On m’a fait voir l’Université, l’École des cadets, les Instituts de Sainte-Catherine et de Saint-Alexandre, les Veuves, enfin l’Institut Alexandrinien, les Enfants trouvés : tout cela est vaste et pompeux ; les