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leurs imitations ont toujours un genre de beauté ; les œuvres du génie sont grandioses, celles de la force matérielle sont grandes : c’est encore quelque chose. Voici comment l’auteur du meilleur guide de Moscou que nous ayons, Lecointe Laveau, décrit la vieille capitale de la Russie : « Moscou, dit-il, doit sa beauté originale aux murs crénelés du Kitaigorod et du Kremlin[1], à la singulière architecture de ses églises, à ses coupoles dorées et à ses nombreux jardins ; que l’on prodigue des millions pour élever le palais de Bajeanoff au Kremlin qu’on dépouille de ses murs[2] ; que l’on édifie des églises régulièrement belles, à la place de ces clochers en lanternes, et de ces cinq coupoles qui s’élèvent de toutes parts ; que la manie de bâtir convertisse les jardins en maisons, et alors on aura, au lieu de Moscou, une des plus grandes villes européennes, mais qui n’attirera plus la curiosité des voyageurs. »

Ces lignes expriment des idées qui s’accordent avec les miennes, et qui par conséquent m’ont frappé par leur justesse.

Pour me distraire un instant du terrible Kremlin,

  1. Le Kitaigorod, ville des marchands. (Voir la description qui en a été faite Lettre vingt-septième, page 247 de ce volume.) (Note du Voyageur.)
  2. Plan qui fut projeté par Catherine II, et qu’on exécute en partie aujourd’hui. (Note du Voyageur.)