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Renfermés autant que possible dans la pratique de leur religion, ces malheureux fils de conquérants trafiquent à Moscou des denrées et des marchandises de l’Asie, et afin de rester le plus mahométans qu’ils peuvent, ils évitent de faire usage de vin et de liqueurs fortes, et ils tiennent leurs femmes en prison ou du moins voilées, pour les soustraire aux regards des autres hommes qui pourtant ne pensent guère à elles, car la race mongole est peu attrayante. Des joues aux pommettes saillantes, des nez écrasés, des yeux petits, noirs, enfoncés, des cheveux crépus, une peau bise et huileuse, une taille au-dessous de la moyenne, misère et saleté ; voilà ce que j’ai remarqué chez les hommes de cette race abâtardie, ainsi que chez le petit nombre de femmes dont j’ai pu apercevoir les traits.

Ne dirait-on pas que la justice divine, si incompréhensible quand on considère le sort des individus, devient éclatante lorsque l’on réfléchit sur la destinée des nations ? La vie de chaque homme est un drame qui se noue sur un théâtre et se dénoue sur un autre, mais il n’en est pas ainsi de la vie des nations. Cette instructive tragédie commence et finit sur la terre, voilà pourquoi l’histoire est une lecture sainte ; c’est la justification de la Providence.

Saint Paul avait dit : « Respect aux puissances ; elles sont instituées de Dieu. » L’Église, avec lui, a