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mais un mensonge par campagne, et la machine de l’État marche : à chaque guerre suffit sa fraude.

Je finis par une fable qui semble avoir été faite exprès pour justifier ma colère. L’idée est d’un Polonais, l’évêque de Warmie, fameux par son esprit, sous le règne de Frédéric II ; l’imitation en français est du comte Elzéar de Sabran.


L’ATTELAGE. — FABLE.

 
Un habile cocher menait un équipage,
Avec quatre chevaux par couples attelés ;
Après les avoir muselés,
En les guidant il leur tint ce langage :
Ne vous laissez pas devancer,
Disait-il à ceux de derrière,
Ne vous laissez pas dépasser,
Ni même atteindre, en si belle carrière,
Disait-il à ceux de devant,
Qui l’écoutaient le nez au vent.
Un passant, dans cette occurrence,
Lui dit alors à ce propos :
Vous trompez ces pauvres chevaux,
Il est vrai, reprit-il, mais la voiture avance.


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