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expressif ; c’est l’effet que produit ordinairement la musique simple, la répétition lui donne une puissance nouvelle. Les Cosaques de l’Oural ont aussi des chants particuliers ; je regrette de ne les avoir pas entendus.

Cette race d’hommes mériterait une étude à part ; mais ce travail n’est pas facile à faire pour un étranger pressé comme je le suis ; les Cosaques, mariés pour la plupart, sont une famille militaire, une horde domptée plutôt qu’une troupe assujettie à la discipline du régiment. Attachés à leurs chefs comme un chien l’est à son maître, ils obéissent au commandement avec plus d’affection et moins de servilité que les autres soldats russes. Dans un pays où rien n’est défini, ils se croient les alliés, ils ne se sentent pas les esclaves du gouvernement impérial. Leur agilité, leurs habitudes nomades, la vitesse et le nerf de leurs chevaux, la patience et l’adresse de l’homme et de la bête identifiés l’un à l’autre, endurcis ensemble à la fatigue, aux privations, sont une puissance. On ne peut s’empêcher d’admirer quel instinct géographique aide ces sauvages éclaireurs de l’armée à se guider sans routes dans les contrées qu’ils envahissent : dans les plus désertes, les plus stériles, comme dans les plus civilisées et les plus peuplées. À la guerre, ce seul nom de Cosaque ne répand-il pas d’avance la terreur chez les ennemis ? Des généraux qui savent bien