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LE JEUNE COSAQUE.

En racontant la campagne,
On me nommerait comme un lâche ;
Si je meurs, mon nom, célébré par mes frères,
Te consolera de ma mort.

LA JEUNE FILLE.

Non, le même tombeau nous réunira ;
Si tu meurs, je te suivrai ;
Tu pars seul, mais nous succomberons ensemble.
Adieu ; je n’ai plus de pleurs.


Le sens de ces paroles me paraît moderne, mais la mélodie leur prête un charme d’ancienneté, de simplicité qui fait que je passerais des heures sans ennui à les entendre répéter par les voix du pays.

À chaque refrain, l’effet augmente : autrefois on dansait à Paris un pas russe que cette musique me rappelle ; mais sur les lieux, les mélodies nationales produisent une tout autre impression ; au bout de quelques couplets on se sent pénétré d’un attendrissement irrésistible.

Il y a plus de mélancolie que de passion dans le chant des peuples du Nord ; mais l’impression qu’il cause ne peut s’oublier, tandis qu’une émotion plus vive s’évanouit bientôt. La mélancolie dure plus longtemps que la passion. Après avoir écouté cet air plusieurs fois, je le trouvais moins monotone et plus